Postulat n° 95 - Demande d'étudier la mise en œuvre d'une première action humanitaire citadine en vue d'accueillir cinquante migrants

C. Rugo (PA)

Développement du postulat

Alors qu’à Fribourg "les jours coulent comme un long fleuve tranquille", le postulant demande au Conseil communal d’étudier la mise en œuvre d’une première action humanitaire citadine en vue d’accueillir cinquante migrants; et par là-même remplir un tant soit peu le signifiant de cette magnifique ville qui se veut libre?!

"À quoi (me) sert toute la richesse, si elle ne peut être partagée?"

Les règles internationales et nationales (et cantonales) nous gardent bien au chaud; en particulier celles qui stipulent que tout migrant doit déposer sa demande dans le premier pays européen foulé (Europe qui de facto a réussi à négocier avec le fin limier turc une extension territoriale au sud-est). À moins qu’en montgolfière ces derniers arrivent en Suisse comme Jules Verne l’eusse imaginé, la probabilité qu’un migrant ou qu’une migrante remplisse la condition sine qua non ci-dessus est proche de zéro.

Certes, nous pourrions ruser les instances administratives de la Berne fédérale, en inscrivant quelques candidats en tant que joueurs étrangers du hockey-club Gottéron ou des champions bien dans leurs baskets (trois trophées rapportés cette année), ... En aparté, aux dieux grecs nous avons emprunté - à titre gratuit - le nom "Olympique".

Fribourg, par cette action certes symbolique, montrerait un brin d’humanité dans ce monde où les barrières mentales se dressent comme au temps des forteresses. Les remparts de notre cité n’en sont qu’un vestige, dixit notre archéologue M. Gilles Bourgarel. Les étrangers se prénommaient Heinz le Bernois, Hervé le Savoyard, Luther le protestant ou Jean le calviniste.

Le SEM (Secrétariat d’État aux migrations) joue son rôle de centre de tri - tri ô combien arbitraire - et ne baisse le pont-levis qu’à de rares occasions chèrement négociées: fils "Mobutu", oncle de Bachar el-Assad ou princes d’Arabie saoudite résidant à l’année dans les suites genevoises. Rappelez-vous: on déroulait le tapis rouge pour le fils Kadhafi, interviewé par notre gentil Darius sur la SSR. Même des artistes trouvaient ou trouvent refuge à Gstaad (Johnny, Polanski); les tennismen ayant une légère préférence pour la côte lémanique (Noah, Monfils, Tsonga).

Sur nos terres, les permis sont principalement octroyés en considérant les besoins de l’économie fribourgeoise et non en regard des flux migratoires.

Coïncidence ou ironie de l’histoire fribourgeoise, le commerce a pris lieu et place aux Portes-de-Fribourg. Non pas à Granges-Paccot, mais ici entre Manor et l’Équilibre, là où naguère passaient nos remparts, notre frontière. À ce titre, dans un élan de solidarité sociale, baissons aussi le pont-levis. Ouvrons de temps à autre les Portes de Morat ou de Berne.

Aussi, sans compter sur les voix de la discorde (et sans les nommer aussi), j’espère que vous accepterez cette motion déposée sous forme de postulat; dernier instrument parlementaire selon les dires prononcés à mi-voix par notre vénéré Syndic. "Another Break in the Wall" chanson-culte associée à la destruction du mur de Berlin, il y a peu. Septante ans ont passé pour qu’Angela rachète l’honneur des Allemands.

Comme le chante Léo Ferré: la larme à l’œil, je fais le deuil...

Pour une des rares fois, le Parti des artistes vous demande de soutenir ce postulat non pas pour des raisons partisanes, mais avec celles qui font de chacun, de chacune - comme l’est chaque migrant*, chaque migrante*- un propre individu guidé par son cœur.

Au risque de perdre sa précieuse vie, capable d’affronter tous les dangers: haute mer en pneumatique, vols comme viols, et son pire ennemi... l’homme.

Fribourg, le 29 octobre 2018

Réponse du Conseil communal