Question n° 228 - L’effritement des pavés autour de la Cathédrale

J. Uldry (UDC) 

Question

Dans un article de La Liberté publié le 9 décembre dernier, titré "Des pavés neufs s’effondrent déjà (et c’était prévu)", nous avons notamment pu lire que l’effondrement de certains pavés n’était pas dû au hasard, que les paveurs n’étaient pas responsables de ces irrégularités sur la chaussée et que les artisans spécialisés avaient prévenu les ingénieurs mandatés par la Ville, émettant des doutes sur la solution retenue. Dès lors, le paveur avait même proposé d’autres matériaux ou techniques, vu que le tronçon concerné était soumis à une forte pression due au trafic dense de véhicules lourds.

En date du 22 février 2021, mon collègue David Papaux, au nom de notre groupe, avait en particulier souligné qu’il n’était pas approprié d'installer des pavés sur une route fortement fréquentée, qu’aux heures de pointe, plus d’un bus rouleraient toutes les deux minutes sur les pavés, que l’entretien de ces pavés étaient très onéreux et qu’il convenait de prévoir une bande de roulement en asphalte "traditionnelle" pour les bus et les cyclistes pour éviter d’endommager les pavés; ceci avant de préconiser le renvoi du projet afin qu’il soit – notamment – tenu compte de ces remarques. A cette occasion, à tout le moins une partie du Conseil de notre Ville s’était fortement amusée de cette intervention, en particulier au sujet des pavés glissants.

Aujourd’hui, notre groupe en rit également, précisant qu’il s’agit – et c’est regrettable – d’un rire jaune, donnant plutôt davantage envie de pleurer. Ce n’est par ailleurs pas le porte-monnaie de nos concitoyens qui nous contredira…

S’il est certes mentionné dans le message n° 58 du 12 janvier 2021 que pendant la phase de pose des pavés, une couche de béton poreux jouerait le rôle de couche de finition provisoire, nulle mention n’y est faite d’un désagrégement si rapide des pavés, avec le risque que cela fait encourir aux utilisateurs de deux-roues.

Ces constatations appellent dès lors les questions suivantes:

  • Est-ce que le Conseil communal était au courant d’une si grande fragilité des pavés et que ceux-ci se désagrègeraient si peu de temps après leur pose?
  • Combien les réparations vont-elles coûter?
  • Est-ce que celles-ci engendreront un surcoût par rapport au crédit initialement voté?
  • Pourquoi, dans la mesure où le Conseil communal était au courant de ces risques, des informations exhaustives à ce sujet n’ont pas été communiquées, en toute transparence, au Conseil général?
  • Est-ce que le Conseil communal n’estime pas – à tout le moins a posteriori – qu’une solution mieux adaptée à ce tronçon n’aurait pas été plus judicieuse, comme l’avaient d’ailleurs préconisé certains artisans spécialisés, ainsi que notre groupe? Si non, pourquoi?

Réponse du Conseil communal

Tout d’abord, il convient de se mettre d’accord de quoi on parle. La question évoque la fragilité des pavés.

En réalité, le mouvement des pavés évoqué ne provient ni de leur fragilité, ni de leur désagrègement, mais du fait que les joints de dilatation travaillent et par conséquent font bouger les pavés. En l’espèce, ces joints de dilatation prennent la forme de bandes en pavé à joint sablé qui se trouvent tous les 15 mètres voir 7 mètres sur le tracé de pavage lié.

Ces joints de dilatation reprennent l’intégralité des efforts dus aux variations thermiques, évitant ainsi la dégradation des joints en ciment. Cette dilatation est très forte les premiers temps, puis devient négligeable de par la micro fissuration normale des joints en ciment entre les pavés.

La dilatation thermique due à la différence de chaud et de froid est un phénomène obligatoire. Les joints de dilatation, qui travaillent actuellement, permettent de cibler les endroits où le phénomène de dilatation se produit au lieu de l’avoir de manière irrégulière et non contrôlée sur l’ensemble de la chaussée.

Donc oui, le Conseil communal était conscient que les joints de dilatation allaient travailler, et cela était prévu dès le début.

Il n’y aura donc pas de réparation et également pas de surcoût en lien avec cette méthode de travail. Cette dernière a d’ailleurs été étudié avec les ingénieurs mandatés pour le projet, le temps et le prix de la mise en place de cette méthode de travail sont comptabilisés dans le crédit initial du projet, voté par le Conseil général.

Finalement, il convient encore de relever que le type de pavé et la solution technique de la pose des pavés choisis sont comparables à des zones pavées d’autres villes en Suisse, par exemple la Marktgasse à Berne avec le passage de bus, de trams et autres véhicules de livraisons.

Le Conseil communal n’a donc pas estimé nécessaire de faire une communication particulière, étant donné qu’aucun risque n’a été pris et qu’il s’agit d’une méthode de construction qui a été consciemment choisie. Partant, il n’estime également pas, même à posteriori, qu’une autre solution aurait été mieux adaptée.

Lors des débats de la séance du Conseil général du 21 février 2021, en lien avec le message no 58, l’ancienne directrice de l’Edilité avait mentionné ce qui suit: "Le grand défi sera le pavage sur l’ensemble du site qui a une couche porteuse en béton poreux et qui soutiendra les pavés pour garantir la résistance mécanique nécessaire au transit de plus que 550 bus par jour". Cette phrase garde toute son actualité.

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