Harcèlement de rue
Le harcèlement de rue désigne un ensemble de comportements sexistes, menaçants, voire violents qui se manifestent dans les lieux publics. Ces comportements peuvent prendre la forme d'interpellations inadéquates, de remarques sur l’habillement, de propositions indécentes, d'insultes (sexistes, homophobes, racistes, en lien avec religion) et de menaces, mais aussi de frottements et d'attouchements. Porteur de sentiments d’insécurité et/ou de malaise, le phénomène peut engendrer des conséquences sur la manière dont les personnes utilisent l’espace public.
Comme de nombreuses villes, Fribourg n'échappe pas au harcèlement de rue. Suite à un postulat déposé au Conseil général en 2017, la Ville de Fribourg a mandaté en 2019 la Haute école de travail social Fribourg (HETS-FR) pour réaliser une étude sur la problématique. Sur la base des résultats de l'enquête (PDF), le Secteur de la cohésion sociale a élaboré un plan d'action qui sera déployé dès 2023.
L'étude
Souhaitant mieux connaître et appréhender le phénomène du harcèlement de rue sur le territoire communal, la Ville de Fribourg a mandaté en 2019 la HETS-FR pour réaliser une étude sur la problématique, dans le but:
- d'identifier et d'analyser l’ampleur, les formes, les moments et les endroits où s’exerce le harcèlement de rue, tout en sensibilisant la population à la thématique;
- d'établir un inventaire des mesures déjà existantes pour gérer ses effets;
- de permettre la conception de mesures d’amélioration complémentaires.
Menée entre 2019 et 2020, cette étude comprenait deux volets: un sondage réalisé auprès de la population ainsi qu'un "café du monde", méthode participative permettant le croisement de regards de différent·e·s acteur·trice·s.
Sondage auprès de la population
Entre le 26 août et le 31 octobre 2019, une campagne de communication et un sondage bilingue ont été déployés. Le but était de mieux connaître l'état actuel de la situation, tout en sensibilisant la population au harcèlement de rue. Par le biais d'affiches notamment, toutes les personnes âgées de plus de 14 ans, habitant la ville de Fribourg ou la fréquentant régulièrement, ont été invitées à apporter leur contribution en remplissant un questionnaire en ligne. Près de 4300 questionnaires valides ont été enregistrés, signe d'un grand intérêt de la part de la population.
Réflexion avec les actrices et les acteurs concernés
Dans un second temps, un "café du monde" a été organisé le 21 janvier 2020. Réunissant différentes associations et institutions concernées par la thématique ainsi que des représentant·e·s de la Ville et de l’Etat, cette rencontre a permis d'élaborer un inventaire des mesures déjà existantes contre le harcèlement de rue, mais aussi d'identifier des besoins et de faire émerger des recommandations.
Les résultats
Se basant sur près de 4300 questionnaires valides, l'étude de la HETS-FR relève les éléments suivants:
- Quatre répondant·e·s sur cinq ont subi une forme de harcèlement de rue. Il s’agit essentiellement de jeunes femmes et de personnes LGBT.
- Certains lieux sont plus propices à certaines formes de harcèlement de rue. Les frottements et les attouchements ont davantage lieu dans les transports publics, les bars, les discothèques et les soirées festives. Les interpellations inadéquates, les remarques sur l’habillement, les propositions indécentes, les insultes (sexistes, racistes, en lien avec religion), les menaces et le fait d’être suivi·e dans la rue se déroulent principalement à la gare et au centre-ville, mais aussi dans les quartiers.
- Ces actes surviennent en permanence, sur l’ensemble de la journée, avec des pics en soirée pour les hommes et les femmes. Les femmes subissent du harcèlement de rue indépendamment du jour de la semaine, alors que pour les hommes, cela se manifeste principalement le weekend.
- Près de deux femmes sur trois et un homme sur deux ayant subi une forme de harcèlement de rue ont adopté par la suite une conduite particulière pour se protéger (p. ex. en changeant d'itinéraire, en évitant les transports publics ou en s'habillant différemment).
- Trois quarts des personnes ayant subi du harcèlement de rue affirment que les témoins de la scène n’ont rien fait.
- Une majorité des répondant·e·s ont également été témoins d'actes de harcèlement de rue. Pourtant, beaucoup ne sont pas intervenu·e·s, ne sachant pas comment réagir ou craignant des représailles.
Plus d'informations dans le rapport de recherche (PDF) de la HETS-FR.
Les mesures
Sur la base des résultats de l'étude, le Secteur de la cohésion sociale a élaboré un plan d'action concret pour lutter contre le harcèlement de rue. Ces mesures seront déployées dès 2023, sous réserve de l'approbation du budget par le Conseil général. Elles sont au nombre de sept:
- Plateforme d'échange: constituée de représentant·e·s d’associations, d’institutions et des pouvoirs publics, elle se réunira plusieurs fois par an. Elle participera à l’élaboration d’un concept global, à la mise en place d’actions concrètes, ainsi qu’à la conception d’appels à projets.
- Appels à projets: une fois par an, un appel à projets sera lancé afin de faciliter la mise en place de mesures à l’intention des victimes, des témoins ou des responsables de harcèlement de rue. Les projets retenus par le Conseil communal, sur préavis de la plateforme d'échange, seront soutenus financièrement par la Ville.
- Adresses utiles: la présente page internet, dédiée au harcèlement de rue, référencera les offres des associations, institutions et pouvoirs publics travaillant sur la thématique, offrant ainsi une vue d’ensemble de ce qui est mis en oeuvre sur le territoire communal. En parallèle, ces informations seront diffusées auprès du public sous forme imprimée.
- Actions de sensibilisation publiques: une fois par an, la Ville organisera une action de sensibilisation publique, par exemple sous la forme d’une semaine thématique ou d’une campagne de communication.
- Actions de sensibilisation internes: une sensibilisation au harcèlement de rue sera mise sur pied pour les collaborateur·trice·s de la Ville en contact régulier avec la population, comme les agent·e·s de la Police locale.
- Démarches participatives: l’aménagement ce certains lieux (tels qu’arrêts de bus, parcs, quartiers, etc.) peut contribuer à ce que l’ensemble des usager·ère·s s’y sentent à l’aise. On parle alors d'accès inclusif à l'espace public. La thématique sera désormais mieux prise en compte dans le cadre des démarches participatives mises sur pied lors de projets d’urbanisme.
- Récolte de données: une action de recensement sera organisée à intervalles réguliers, en principe au cours de chaque législature. Ce monitoring permettra de mettre en lumière l’évolution du harcèlement de rue en ville.